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Les  Immortels  vietnamiens (2)

 

11. L'homme parfait Lôc-Giac ( aux cornes de cerf):

Originaire de Cao-bang, cet homme issu d'une famille pauvre, fait le dur travail de bûcheron mais sa grande piété filiale lui aidera à devenir immortel.

Un jour, sa mère avait envie du lait de biche   ( c'est un lait très prisé depuis l'antiquité ), et il ne savait comment en obtenir. Il se rendait dans la forêt pour crier fort sa désespérance et se mettait à pleurer. Soudain, un vieillard est apparu : " si tu veux du lait de biche, il faut te couvrir d'une peau de cerf ". Il se couvrait donc d'une peau de cerf et allait chercher le précieux lait pour sa mère.

Le vieillard, touché par la piété filiale de cet homme, lui a communiqué les recettes pour devenir Immortel.

Après la mort de sa mère, il se rendit dans la forêt et personne ne le retrouva.

Son fils, parti à sa recherche dans la forêt,  vit un cerf venir lui parler la langue d'homme :

" Je me suis métamorphosé et ne pourrai reprendre ma forme originelle. Maintenant, je te donne une corne. Tu l'attache par une corde. Tu la traîneras jusqu'à l'endroit où elle s'accrochera. Tu laboureras cet endroit et tu en auras suffisamment de nourriture."

La famille du fils deviendra, en effet, plus aisée.

12. L'homme parfait de Hông Son (des monts Hông):

Son nom est Pham, et prénom : Viên, originaire de An-bai, de la province de Nghê An. Pham Viên est le fils d'un grand mandarin "ta thi lang", au 17ème siècle,  sous la dynastie des Lê.

A Nghê An se dressent les  99pics  des monts Hông, où se trouve la fameuse pagode Huong Tich.

 Selon la légende, dans l'ancien temps, il y avait 99 phénix venir poser ses pieds dans ces montagnes pour former ces 99 pics. On raconte aussi que cet endroit a été choisi par la bodhisattva Guan-Yin pour y venir pratiquer sa religion.

Pham Viên avait la réputation d'être un gentilhomme lettré, de caractère noble et épris de liberté. Il aimait traîner ses pas dans des lieux les plus beaux, les monts et les fleuves de sa région, faire des poèmes et s'abreuver d'alcool. Mais il aspirait tellement à quitter ce bas monde, qu'il parvenait à avoir la rencontre miraculeuse d'avec un vieillard aux yeux étincelants de lumière noire, qui lui dit :

" J'habite au Nord du fleuve Rouge. Je suis de passage ici pour cueillir des plantes médicinales. Passez me voir plus tard, demander le vieux Thân et j'aurai quelque chose à vous dire ". Pham Viên acquiesça et tous les deux se séparèrent.

Quelques années après, Pham Viên allait rendre visite à des amis dans la capitale. Il traversait le fleuve Rouge et se dirigeait vers le Nord, pour arriver à une grotte servant d'ermitage au vieillard avec des yeux étincelant de lumière.

Assis à côté d'un feu, en tenant dans sa main un bâton, le vieillard lui dit : " Cela fait longtemps que je vous attendais. Ici, dans cette montagne il n'y a rien, sinon un sac de vieux livres pour me distraire".  

Pham Viên sortit les livres et commença la lecture. Il sentait en lui une certaine légèreté et avait l'impression de se libérer de son corps vulgaire.

Plusieurs mois passèrent et un jour le vieillard lui rappela qu'il devrait rentrer à la maison s'occuper de ses parents encore vivants. Avant de se séparer, le vieillard lui remit un précieux livre : le " Hoàng dinh kinh "  ( c'est le plus ancien traité de médecine et d'hygiène taoïste conservé jusqu'à nos jours, dans lequel on peut trouver également les recettes ou méthodes pour les pratiques de méditation contemplative ).

Grâce à ce livre, Pham Viên accéda aux pouvoirs transcendants.

La légende nous dit qu'on le voyait de temps en temps par-ci, par-là, en train de chanter, de boire, avec son ami d'enfance Nguyên Hung Hàn, ou en voyage aux bords des fleuves, ou dans les forêts en train de s'amuser avec les tigres….

D'autres personnes racontaient avoir vu un vieillard s'appeler Pham descendre du ciel sur le dos d'un mulet; soit en train de lire sur un rocher, mais dans un instant il s'éleva en l'air pour disparaître.

Une autre fois, on a vu à la porte de Dai-hung ( l'une des 4 portes de la citadelle Thang-long), un vieillard en train de boire du thé mais sans avoir de l'argent en poche. Le marchand protestant violemment, un homme assis à côté régla la note pour lui. Le vieillard très reconnaissant, demanda à l'homme quel était son métier.

-         " Je vends des feuilles de teinture d'indigo. En ce moment, c'est la grande sécheresse, l'herbe se dessèche. Je suis à bout de ressources."

Le vieillard lui dit: " venez avec moi, je vous montrerai un endroit où poussent de très bien les arbres d'indigo aux feuilles touffues ".

Ainsi, sera-il récompensé par le vieillard, qui fait porter jusqu'à son domicile de nombreux fagots de feuilles d'indigo.

Une autre fois, il a aidé une jeune fille, marchand de vin, à vendre son alcool à haut prix, en l'emmenant vers une ville des deux familles s'apprêtaient à fêter un mariage, sans avoir de vin. Elle a pu, ainsi, faire écouler tout son stock de vin au meilleur prix.

Mais à chaque fois, après une bonne action, le vieillard disparaît, sans laisser de trace.

Un jour, il a aidé un amateur de géomancie, son nom est Dô.

Il l'a emmené dans les montagnes de la chaîne Hông-Linh, et lui montra la carte des sites  géomantiques: " les terrains fastes sont des choses précieuses de la nature. Il ne faut pas en disposer avec égoïsme, ni les convoiter à tort. Autrement, vous offenseriez les esprits de la montagne. Dans l'antiquité, on dit que "les foyers géomantiques sont dans le cœur des gens et non dans la montagne ". Pensez-y ".

Et il disparaît…. Puis il réapparaît, des fois sous la forme d'un vieillard, d'autres fois sous la forme d'un autre personnage, pour se rendre ici et là, faire des poèmes, boire jusqu'à l'ivresse, pour passer des concours provinciaux, transmettre à certains les secrets de l'immortalité.

Sa notoriété parcourt les 99 sommets des monts Hông;

13. L'homme-parfait Thành Dao ( parvenu au Dao ):

Il vivait à l'époque des Tây-Son (1788-1802). Mais il ne voulait pas poursuivre une carrière mandarinale, préférant goûter aux beautés de la nature, errer dans les montagnes et les fleuves.

C'est dans les monts Hông-Linh, qu'il rencontra l'homme-parfait Pham-Viên, qui l'invita à entrer dans les eaux de la mer. Au milieu des vagues immenses, surgit un sentier étroit et tortueux, par lequel ils arrivèrent au sommet d'une montagne. C'est là que l'on fait apporter du vin et surtout de grosses pêches, exquises, inexistantes ailleurs. Il est interdit, par contre, d'emporter les noyaux de ces pêches.

Notre homme a bien bu et goûté à ces fruits. Il cacha quand même un noyau sous son habit. Sur le chemin du retour, il a dû passer toute une demi-journée à tourner en rond, sans pouvoir trouver la sortie. Il jeta donc par terre ce noyau, et retrouva le vieillard Pham-Viên en train de l'attendre sur le bord du chemin. Pham-Viên lui confia alors un livre, dans lequel les recettes d'immortalité et les pouvoirs de l'homme-parfait sont inscrits.

Depuis cette rencontre, notre homme se nomme  "Thành Dao Tu".

Les Femmes Immortelles.

 1.      La Sainte Mère de Sung-Son ( du mont Sung ) :

Le surnom de la Sainte Mère est  "Liêu-Hanh Nguyên Quân" : c'est l'Immortelle princesse du Deuxième Palais céleste. C'est aussi la deuxième fille de  " Ngoc Hoàng Thuong Dê " (l'Empereur de Jade).

Il est raconté qu'après sa première incarnation sur terre, son père l'a donné le titre de " Liêu Hanh Công Chua ( la princesse Liêu hanh ).

Elle est née la nuit du 15 de la 8ème lune, du règne de l'empereur Lê Thân Tông (1619-1643), le 6è roi de la dynastie des Lê postérieurs, dans une famille portant également le nom de Lê, au village de Vân-Cat, dans la province de Nam-Dinh, au Nord Viêt-nam.

Les circonstances même de sa naissance font l'objet de merveilleuses légendes, selon lesquelles, à sa première venue sur terre, sa mère l'a accouchée en présence d'un taoïste avec ses recettes magiques, un parfum extraordinaire embaumant la maison et une lumière féerique rayonnant les environs. D'où son surnom de "Giang tiên" : une immortelle descendue de la cour céleste.

Dans le royaume, sa beauté et sa vertu furent uniques en son temps. Mais elle se transforma à l'âge de 21 ans.

Cependant, l'Empereur de Jade l'envoya une deuxième et dernière fois sur terre, en qualité de Génie tutélaire, avec deux suivantes portant les noms de "Quê" (cannelier) et "Thi" (plaqueminier. Le 3ème jour du 3ème mois, la sainte Mère est revenue alors sur terre, portant le titre de  "Huyên huyên Thuong nhân" ( notre Dame Souveraine de l'Ordre mystique ).

Dès ce jour, il paraît sa renommée dans la région de Thanh-Hoa, Nghê-An, dépasse de loin celle des deux sœurs Trung ou de l'impératrice des Song.

Les sœurs Trung n'ont pas de secret pour nous, vietnamiens. Mais pourquoi une princesse chinoise ?

Selon la légende, l'impératrice des Song, de la dynastie des Song en Chine, s'est jetée en mer pour se donner la mort et y suivre son mari poursuivi par les armées mongoles. Elle fut sauvée et se réfugia dans une pagode à Canton. Le bonze de cette pagode, séduit par sa beauté, lui faisait des avances. Mais devant ses refus, le bonze s'est suicidé. Elle se sentait coupable de la mort du bonze, et se donna la mort. On la considérait comme le symbole de la fidélité conjugale et de la chasteté. On raconte que le corps de la princesse est retrouvé en mer par les pêcheurs vietnamiens, la princesse encore resplendissante de beauté : on la vénère à Nghê-An comme " Génie protecteur des gens de la mer ".

La présence de la sainte Mère sur terre est parfois visible, des fois invisible.

On raconte : " Depuis le temps des Lê jusqu'à maintenant, à partir des mandarins du premier rang jusqu'aux autres, pas une seule personne qui ne courbe la tête, ne s'incline profondément, et ne retienne son souffle. Pendant plusieurs centaines d'années, elle a fait tantôt des calamités, tantôt le bonheur des gens. Si la réputation de sa puissance est répandue, ses vertus de compassion sont aussi éclatantes. Tout le monde l'appelle la mère Sainte."

Dans de nombreux temples au Vietnam, le culte est dédié à la sainte Mère, l'Immortelle Liêu-Hanh.